La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

— Je ne sais pas pour qui tu me prends, mais que ce soit bien clair, dit Perséphone d’une voix cristalline et déterminée. Je suis Perséphone, future reine des Enfers, Lady de ton destin. Puisses-tu en venir à redouter ma présence !

Ses propos remplirent la poitrine d’Hadès et lui coupèrent le souffle. Jamais il ne s’était senti aussi amoureux et prêt à protéger quelqu’un dans sa vie. S’il avait longtemps attendu que Perséphone accepte cette part d’elle ainsi que le titre et le pouvoir qu’il avait à lui offrir, il aurait aimé que ce soit dans d’autres circonstances et que cela soit le fruit de son amour pour les aspects les plus heureux des Enfers, pas pour ses aspects les plus sombres.

Peu de personnes découvraient leur véritable pouvoir sans conflit. Perséphone et lui n’étaient en rien différents.

— Combien de temps va-t-il rester comme ?a ? demanda-t-elle.

Hadès regarda Pirithoos, qui convulsait encore.

— Jusqu’à ce qu’il meure, répondit-il.

Il se demanda un instant si cela la dérangeait de voir le demi-dieu torturé, si elle lui demanderait d’y mettre fin. Mais au lieu de cela, elle se tourna vers lui et pencha la tête pour le regarder dans les yeux. Il devina en cet instant qu’elle avait changé. Il n’aurait su dire comment, mais cela flottait entre eux, aussi tangible et palpable que la violence qui avait transpercé sa magie.

Sa déesse n’était plus faite de choses innocentes, et une part de lui ne savait quoi en penser ; il se demandait si cela aurait été le cas si elle ne l’avait pas rencontré.

— Emmène-moi au lit, dit-elle.

Hadès effleura sa joue avant de plonger ses doigts dans ses cheveux dorés. Il avait des questions à lui poser, des choses à lui dire. Est-ce qu’elle l’aimait de la même fa?on qu’avant de venir ici ? Le traumatisme de cette nuit rongerait-il son esprit jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle était devenue quelqu’un qu’elle ne voulait pas être ? Lui en voudrait-elle ?

Hadès ne dit rien de tout cela, se penchant plut?t pour l’embrasser. Elle l’accueillit en ouvrant la bouche, et son désir se fit plus fort que jamais. Il poussa un grognement et la serra contre lui, scellant toutes les parties dures de son corps contre les parties douces du sien, et il pensa un instant que la plus grande punition pour Pirithoos serait peut-être qu’il soit forcé de les regarder faire l’amour alors qu’il mourait pour la millième fois.

Mais c’était une envie qu’il ne pouvait formuler, et il recula pour la regarder dans les yeux.

— Comme tu veux, ma chérie, dit-il en les transportant loin des profondeurs du Tartare jusqu’à leur chambre, où il les guida jusqu’à leur libération.

*

* *

Perséphone dormait.

Elle était allongée sur le c?té, les mains jointes sous sa joue, le souffle tranquille et régulier. Hadès était assis au bord du lit, cherchant les signes d’un autre cauchemar qui aurait pris racine dans ses rêves, mais elle était calme et immobile. Et si Pirithoos revenait ? S’il n’était pas là pour la réconforter quand elle se réveillerait ?

Il sentit une violente tourmente tourbillonner en lui tout en se demandant si son sommeil entra?nerait une nouvelle horreur. Peut-être ne serait-elle pas hantée par Pirithoos, mais par la torture qu’elle lui avait infligée.

Hadès passa sa main dans ses cheveux l?ches.

Il était agité et anxieux et il n’avait trouvé de répit qu’aux c?tés de Perséphone. Son réconfort venait avec elle, qu’elle soit à cheval ou étendue sous lui. Il voulait être près d’elle, en elle. C’était un besoin aigu et primitif et, dans les heures qui suivirent, il prit un plaisir immense à savoir qu’une part de lui restait avec elle.

S’il l’avait pu, il se serait réfugié dans son corps à chaque minute de la journée, mais c’était la preuve de son addiction. Ce n’était pas sain. Pourtant, s’il devait avoir un vice, c’était bien le meilleur de tous.

Il soupira et se leva. Il faisait trop chaud et son corps était collant de sueur. Contrairement à Perséphone, qui s’assoupissait après le sexe, Hadès restait éveillé, comme électrifié.

Il se servit un verre et sortit sur le balcon, où la nuit était douce et agitée d’une légère brise. Il y trouva du répit après la chaleur de la chambre et il put se détendre en sachant qu’il n’était pas loin, au cas où Perséphone sombrerait dans un nouveau cauchemar.

Il observait le jardin qui entourait son palais et baignait dans la lumière argentée de la lune. C’était là que tout avait commencé. C’était ici qu’il avait amené Perséphone pour qu’elle plante la première graine de leur contrat. Crée de la vie aux Enfers, avait-il décidé, ou sois mienne pour toujours.

Dieux, qu’il avait espéré qu’elle échoue ! ? l’époque, il pensait que ce serait le seul moyen de la garder auprès de lui. Elle avait été furieuse, et ?a n’avait fait qu’empirer quand il l’avait emmenée aux Enfers.

Comme la plupart des gens, elle s’était attendue à trouver un paysage de cendres et de feu. Or elle avait découvert une étendue luxuriante, pleine de couleurs et de fleurs. Cela avait été la première preuve que ce que sa mère lui avait dit au sujet d’Hadès pendant vingt-quatre ans était faux, et elle avait été anéantie.

Elle s’était débattue contre lui. De toutes ses forces. Plus il avait appris à la conna?tre, moins il avait été surpris. Perséphone avait été traumatisée par le contr?le que sa mère exer?ait sur elle et elle avait résisté à l’idée d’appartenir à qui que ce soit. Plus ses sentiments pour Hadès avaient cr?, plus elle avait refusé de l’aimer – mais elle ne pouvait les faire dispara?tre et quand elle avait fini par succomber, elle avait libéré la partie la plus puissante d’elle-même.

Tout cela… allait bien au-delà de l’amour. C’était de la dévotion. C’était de la vénération. C’était un pouvoir capable de donner naissance et de mettre fin au monde, et s’il le devait, il le ferait en son nom. Il savait que c’était vrai, car il le sentait de fa?on si profonde que c’en était presque douloureux.

— Pourquoi tu es nu ?

Hadès revint à la réalité et regarda le jardin en contrebas, où se tenait Hécate, presque invisible dans la nuit.

— Tu veux vraiment que je réponde ? demanda-t-il. Je peux te donner des détails.

Elle grima?a d’un air faussement dégo?té.

— Je crois pouvoir le deviner. Après tout, ce n’est pas comme si vous étiez discrets.

Hadès rit et Hécate haussa un sourcil. Il ne pouvait s’empêcher de trouver amusant que les cris de plaisir de Perséphone résonnent à travers les Enfers.

— Calme tes ardeurs, gronda-t-elle, ce n’est pas comme si tu excellais à offrir du plaisir. Certains d’entre nous sont simplement sensibles au bruit.

Hadès leva les yeux au ciel.

— Tu crains que je devienne arrogant, Hécate ?

— Je n’ai pas à le craindre, rétorqua-t-elle, c’est déjà le cas.

— L’arrogance ne rend pas un fait moins vrai, dit-il.

— Non, mais ?a le rend aga?ant.

Il ne put s’empêcher de rire.

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